Comment se foutre dans une merde noire en trois étapes. [Libre]

Bordeeeeel… Mais comment est-ce que j’avais pu atterrir dans ce PUTAIN D’PAYS ?!
Récapitulons la situation… La plus grande congrégation de paix jamais organisée avait eu lieu, aux Etats-Unis. Alors que les dirigeants cherchaient en vain une manière pacifiste de mettre fin au conflit inutile qui opposait les métanèmes aux lumianes, une grosse baston générale avait éclatée… Et on peut dire que je me suis un peu fait engueulée parce que j’avais un peu bu çà ce moment-là… Et lorsque je me suis pris quelqu’un sur la tronche, j’ai pas vraiment réfléchi et j’ai foncé dans le tas. Je ne veux pas de commentaires, j’y peux rien. Quand je suis bourrée, on me tape, je tape, aussi simple que ça. Enfin je tire en l’occurrence. C’est incroyable que je n’ai tué personne. On n’avait pas pu dire que le chemin du retour s’était passé de manière tout à fait détendue, en vérité la tension était à son comble sur le Protoship et avec Diamant et Platine… On s’est un PEU engueulées. Et en fait j’étais un peu… seule… contre les deux. Et voilà qu’on m’a reproché mon manque de maturité, mon inconscience et blablabli, et blablabla. Et en gros, j’en ai eu marre. J’ai jeté Platine, Diamant et Crystal sur les côtes françaises et avec Saphir et David on s’est CASSE !
Est-ce que les deux autres étaient d’accord ? Eh bien, Saphir me suivrait jusqu’au fond des mers, quand à David… Il était pas vraiment d’accord. Mais il a rien à dire, c’est mon apprenti, je suis son maître. C’est moi qui commande, point barre ! Je n’ai pas fait vraiment attention de vers où on allait, tout ce que je faisais c’était voler de plus en plus loin. Jusqu’à ce que le manque de carburant nous fasse atterrir dans une ville que je ne reconnaissais pas. Saphir et son incroyable capacité à manipuler le gps m’appris qu’on se trouvait pas loin de la frontière russo-ukrainienne. Ok. C’était un peu loin.

« Tu ne crois pas que tu as exagéré… m’avait soufflé Saphir
- C’est bon, j’ai compris. Bon, restez ici, je vais nous trouver du carburant et puis… On repartira dès demain. »

Je remontai mes lunettes de pilotes sur mon front en m’extirpant hors de la cabine. J’avais un petit peu merdé, encore une fois. Je n’avais pas vraiment réfléchi en reprenant les commandes à Saphir, j’étais juste énervée que l’on me foute encore tout sur le dos, alors que j’étais juste bourrée ! C’est pas ma faute ! … Bon, un petit peu. J’aurais pas dû boire. Mais y avait rien d’autre à faire… Je secouai la tête en faisant vibrer mes lèvres, provoquant ainsi un bruit de gazouillement. Après m’être tapoté les joues, je me repris. C’était pas vraiment le moment de penser à la raison du pourquoi du comment du parce que. J’étais un peu anxieuse, et si je ne trouvais pas de carburant dans cette ville ? Cette possibilité, bien qu’infime, m’inquiétait. Je n’avais aucune envie de laisser le Protoship sans surveillance, et je n’avais pas non plus envie de me balader de ville en ville en abandonnant Saphir et David ici. Il me fallait donc espérer.
Je jetai un œil autours de moi. Ce taudis était encore plus délabré que Strasbourg et semblait complètement paumé. Bordel, dans quoi je m’étais foutue. Une bande de gamin qui semblait s’amuser en courant filait vers moi et je me mis sur le côté. Fallait toujours se méfier d’eux, ils faisaient semblant de jouer et vous fouillaient les poche ni vu ni connu, et on se retrouvait avec plus un rond en poche. J’entamai la découverte de la ville à pas lent, les talons de mes vieilles santiags claquant sur les vieux pavés éclatés. Beaucoup de ruine datant au maximum d’un millénaire, quelques maisons tenaient encore debout et semblaient habitée. Je ne pus dénombrer que 6 échoppes. Quelques pièces détachées, un peu de nourriture, des vêtements, et c’est tout ce qu’ils vendaient. Je m’approchais d’une des échoppes de pièces détachées qui me semblait assez bien fournie.

« Bonjour… Est-ce que…
- Oh ! Bonjour madame ! Tu veux un nouveau moteur ? C’est pas cher ! Pas cher ! Viens regarde !/[b]

Le vendeur m’indiquait un vieux moteur pourri, et je grimaçais. Il croyait pouvoir m’avoir, moi, la pro de la mécanique ? Ce moteur était un triple cylindre vieux d’au moins 1200 ans et au vu de son état cabossé, il avait dû subir des accidents. Non merci.

« [b]J’suis pas là pour acheter ta merde, je cherche du carburant de ship, lâchais-je, agacée.

La mine du vendeur se décomposa avant de finir ornée de mépris.

« Tu trouv’ras jamais de carburant, poulette. C’est la bande de Copper qui a la main mise sur tout ce qui est mécanique de pointe, et autres choses encore.

Ses lèvres s’étirèrent pour laisser voir sa dentition incomplète.

« Autrement dit, t’es coincée ici pour un bon bout de temps. »

Je passai ma langue sur mes lèvres. J’avais pas envie de perdre du temps dans ce bled paumé. Coper ? Ca veut dire cuivre, et le cuivre, c’est de la schisse (autrement dit, de la merde). C’était pas un petit caïd de bas étages qui allait me faire peur.
« J’peux l’trouver où ce Copper-Loser ?
- Pourquoi je te le dirais ? répliqua le marchand avec un air hautain.

Je passai encore une fois ma langue sur mes lèvres qui s’étiraient en un sourire … mesquin. J’extirpai habilement et rapidement un de mes couteaux accrochés à ma ceinture et le plaçait sous la gorge de cette sous-merde avant qu’il puisse réagir, le fixant droit dans les yeux sans me défaire de son sourire. Il avait du cran de m’avoir provoquée alors que je ne cachais nullement mon arsenal. Je ne dis pas que je suis invincible, juste qu’un mec comme lui ne pouvait rien contre moi.

« Parce que t'es pas suicidaire. Dis-moi où le trouver.
- Y… Tu vas pas faire ça, y a des gens qui regardent
- Et alors ? dis-je en haussant les épaules, tout le monde ici serait ravi de pouvoir piquer la merde que tu vends pour la revendre ailleurs, je leur rendrait service en te zigouillant. À toi de voir.

Il déglutit avant de lâcher « Dans les ruelles, au nord de la ville… Derrière une vieille paroi en tôle. »
Un sourire charmeur éclaira mon visage tandis que je lâchais un « Thank you ♥ » enjoué et rengainai mon couteau. Le nord… Je sortais un petit GPS, un peu vieux, mais qui ferait l’affaire et me mis en marche. Ce trou était vraiment minuscule, j’atteignis ce qui me semblait être les-dites ruelles en moins d’une heure de marche. Y avais quelques types louches qui traînait là, mais personne n’était assez suicidaire pour m’approcher, avec tout ce que je portais comme arme. La paroi était bien là où m’avait indiqué le vendeur, avec des graffitis débiles peinturlurés dessus, comme on pouvait s’y attendre de la part d’un gang ridicule. Je défonçais la paroi d’un coup de pied. C’était un vieux bout de toit qui avait simplement été posé là. Trois personnes assises sur des caisses se levèrent immédiatement. Chacun avait à la main une sorte de couteau improvisé, une simple lame de métal aiguisée entourée d’un linge à une extrémité afin de pouvoir la tenir en main. Ils semblaient prêts à me sauter à la gorge, mais voyant que j’étais mieux équipée qu’eux, ils perdirent toute assurance et se lançaient des regards inquiets. L’un d’eux se précipita vers une porte, sûrement pour prévenir d’autres types. Je dégainai rapidement un couteau que je lançais dans sa direction… MERDE ! Je l’avais raté ! Il disparut dans l’embrasure de la porte , une petite explosion retentit (le couteau)alors que l’un des deux autres se ruait sur moi, couteau en main. Je fis un pas sur le côté tout en pivotant, me retrouvant ainsi derrière lui. Je dégainai rapidement un de mes flingues du holster de ma cuisse gauche et pointant le canon tout près de sa nuque. Il s’immobilisa et son « ami » regardait, impuissant. Je m’apprêtai à lancer une réplique qui tue, genre « Vous ne pouvez rien contre moi, conduisez moi à Copper – Loser » mais… J’en ai pas vraiment eu le temps. Une floppée d’autres mecs, métanèmes ou humains, sortirent de la porte où avait disparu l’autre type de tout à l’heure. Y avais donc une vingtaine de type autours de moi, armés d’armes blanches sommaires. Ils n’avaient certainement pas la technique, ils étaient certainement faciles à maîtriser. À trois, ou limite à deux. Et là j’étais toute seule. En gros, j’étais dans la merde.
Je sais, vous vous dites « Mais pourquoi est-ce qu’elle a pas tenté de discuter ? »… Disons que j’ai pas vraiment réfléchi… Vous voyez, c’est ça qui a énervé Diamant. J’ai défoncé la paroi et j’ai direct réagis avec un couteau lorsque l’autre type s’était enfui. Et maintenant, vu leur tête, ils avaient pas l’air d’avoir envie de discuter. Seule, j’allais sûrement bavé. Mais si, par chance, quelqu’un ramenait sa fraise et se mettait de mon côté, quelqu’un d’à peu près doué, disons que j’avais une chance de gagner.